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INSTALLATION-TRANSMISSION
13.07.2021

Retour sur le café installation-transmission du 24 juin

13.07.2021 -
Le 24 juin dernier, le café sur l’installation et la transmission des fermes à Prudhomat a réuni une trentaine de personnes.

Réforme de la PAC*, question du logement, transmission des savoirs, installation hors cadre familial ou encore installation collective… de nombreux thèmes ont été abordés au cours des discussions de ce café installation-transmission, organisé par l'ADEAR du Lot avec le soutien de la Confédération paysanne.

La soirée a commencé par un rapide temps d'interconnaissance entre les différents participants. Au total une trentaine de personnes étaient présentes, la plupart en activité mais également des porteurs de projets ou des personnes ayant transmis leur ferme.

Deux vidéos et deux témoignages ont permis d'apporter de façon concrète des éléments sur les difficultés et les leviers de l'installation agricole, de la transmission des fermes et de l'accès au foncier et d'initier le débat.

Réforme de la PAC*

Sur Cauvaldor, presque la moitié des chef·fes d'exploitation ont plus de 55 ans, et on estime qu'un grand nombre d'entre eux vont prendre leur retraite dans moins de 3 ans : cela représenterait 1/5 des chef·fes d'exploitation de la communauté de commune !
La problématique de l'installation et la transmission est donc décisive. Faire en sorte que dans les années à venir des paysan·nes s'installent doit être la priorité et de tou·tes !

La réforme de la PAC* est déterminante pour l'avenir de l'agriculture. Si la Confédération paysanne essaie d'obtenir des leviers pour défendre l'emploi, aider les petites fermes, mettre un plafond aux aides, le Ministère lui, choisit de ne rien changer, sous couvert de transition écologique. Nous avons besoin d'un syndicat agricole fort, accompagné d'un développement de l'agriculture paysanne sur le terrain grâce à l'ADEAR.

Accès au foncier : des cloisons entre agriculture conventionnelle et agriculture paysanne ?

Les porteur·ses de projets et les jeunes installé·es mettent en avant la difficulté à gagner la confiance des agriculteurs qui cèdent, particulièrement quand le projet de reprise est différent de la leur (passage en AB, pratiques agricoles alternatives…) ou que le repreneur n'est pas issu du milieu agricole.

Les engagé·es en agriculture paysanne sentent une peur de leurs pratiques, une méfiance vis à vis de leur projet avec la crainte que les exploitations cédées se transforment en friches.

Pourtant, le contact des cédants en conventionnel avec des porteurs de projet en agriculture paysanne les pousse à évoluer. Beaucoup ont changé de pratiques ces dernières années, là où parfois la bio leur paraissait être une pratique non sérieuse.
Dans ce contexte d'urgence à installer des paysan·nes, il faut peut-être travailler à déconstruire ces murs entre ces deux mondes.

Au delà de la spécificité de leurs projets, les nouveaux installés ou en cours d'installation trouvent qu'il est également très difficile quand on n'est pas issu du territoire, voire d'une famille connue, de se faire connaître et de trouver des personnes qui leur font suffisamment confiance pour démarrer leur activité. Venant souvent d'ailleurs ou ayant un projet dit atypique, ils ont besoin de "faire leur preuve" auprès des cédants sans en avoir pourtant l'occasion !

De nombreuses personnes témoignent de la nécessité de faire réseau avec d'autres personnes qui veulent s'installer pour multiplier les liens et les aides potentielles.

Choisir l'installation plutôt que l'agrandissement

Installer des jeunes, c'est plus compliqué que de vendre ses biens directement : prix du foncier à adapter, investissement, astreinte, gestion de la maison d'habitation, etc. Et la temporalité n'est pas la même entre une installation et une transmission : il faut prévoir du temps pour la rencontre entre les personnes, pour permettre de construire son projet de retraite d'un côté ; et le projet à construire pour la personne qui s'installe. Il faut que les personnes qui transmettent anticipent, et que celles qui s'installent entrent dans un chemin un peu long.

Un cédant témoigne que ses voisins ayant vendu pour agrandissement se sont rendu compte que c'était une erreur, que ce n'était pas ça qu'il fallait faire ; c'est souvent un choix de facilité mais aussi de manque de confiance en son projet. Beaucoup de retraités vendent en se disant que leur ferme n'est pas "reprenable". Transmettre, c'est un engagement, mais c'est aussi être fier de son projet, de sa ferme, c'est croire en la possibilité de la voir continuer avec d'autres personnes !

Mais même lorsque le choix de transmettre est fait, les cédants témoignent qu'il est difficile de trouver des jeunes qui s'intéressent à leur ferme. Réfléchir avec l'ADEAR pendant la formation de 3 jours aide beaucoup à mieux envisager la transmission.

Le collectif comme soutien pour l'installation

Face au manque de soutien technique, d'espace-test pour s'essayer et en réponse aux problématiques actuelles, le collectif est une chance pour décupler les forces, multiplier les points de vue.

Jérémy MAMY qui accueille la rencontre dans le café associatif tenu par le collectif C.A.P. dont il est membre témoigne de son installation au sein de ce collectif. Le collectif lui a notamment permis d'essayer son activité, de se tester progressivement.
Ils utilisent le même matériel et les mêmes réseaux de distribution. Malgré des décalages parfois entre les personnes d'un collectif (implication, temporalité d'installation, besoins, etc.), il encourage tout le monde à démarrer en collectif.

Le collectif multiplie l'envie et les possibilités, c'est aller ensemble vers un but commun. Mais la gestion du groupe prend aussi du temps et de l'énergie, cela nécessite d'aller dans le même sens. Il faut beaucoup de temps pour créer une dynamique et cela peut donc faire peur de transmettre à un collectif.

C'est pourquoi se faire accompagner est important. Cela permet d'avoir une troisième personne, médiatrice, facilitatrice, qui encourage cette rencontre.

Le prix des produits agricoles

Il est difficile d'envisager de travailler moins dans ces métiers. Ce n'est pas évident pour les maraîchers par exemple d'arriver à se verser un salaire : concrètement, il ne faudrait pas vendre ses produits à un prix qui ne prenne pas en compte le coût de la main d'œuvre.

Fermage ou propriété ?

Beaucoup de personnes veulent mettre en location, mais peu mettent à la vente leurs terres ou bâtiments. Pourtant acheter au moins une petite surface peut permettre de sécuriser l'installation, d'être rassuré. Certains porteurs de projets se sentent en situation de précarité en s'installant totalement en location, avec la peur de tout perdre du jour au lendemain.

Pour autant, le fermage est un bon moyen de s'installer dans un premier temps, qui peut laisser la possibilité d'acheter ensuite, quand l'installation est confortée.

Restructuration des fermes

Certains cédants éprouvent de la difficulté à trouver des jeunes qui acceptent le niveau de pénibilité que leur pratique implique, en élevage notamment.
Une alternative est d'envisager une restructuration de la ferme, mais même si les cédants sont prêts à l'accepter, il est difficile pour eux d'envisager d'autres productions sur leur ferme et parfois de voir ce qu'ils ont construit être transformé.

Dans le nouveau référentiel du BPREA le changement stratégique sur la ferme est devenu une partie importante de la formation. Il est demandé de savoir mettre en œuvre un changement stratégique, de pouvoir faire un changement d'atelier de bout en bout, de réussir à piloter sa ferme en fonction des besoins (climatiques, économiques, etc.)... bref d'être maître de son bateau et de faire en sorte qu'il ne coule pas. C'est positif de voir que les jeunes qui vont se lancer ont ce raisonnement.

Aller plus loin

Des cafés paysans sont organisés régulièrement, le prochain aura lieu le mercredi 27 octobre : surveillez les actualités de la Conf et de l'ADEAR !

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