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MÉTHANISATION
16.06.2021

Forum sur la méthanisation : les porteurs de projet refusent le débat

Alors que les méthaniseurs du Ségala sortent de terre, malgré les recours juridiques en cours, plus de 100 personnes étaient présentes ce samedi 12 juin dans le cortège organisé entre Espeyroux et Labathude pour exprimer leur inquiétude. Les participants étaient issus d'horizons divers : paysans, mais aussi beaucoup de citoyens désireux de voir enfin régulées les dérives de l'agro-industrie qui, outre la pollution de notre écosystème, déséquilibrent gravement la société rurale depuis plusieurs décennies.

Rassemblés devant le méthaniseur d'Espeyroux dont ils ont pu constater le gigantisme, les citoyens ont défilé en convoi, tracteur en tête, jusqu'à Labathude en passant par Lacapelle-Marival dans un grand charivari de trompes et klaxons.

En réaction à la politique publique de soutien aveugle à la méthanisation (plus de 8000 méthaniseurs annoncés en France) et sa conséquence départementale : 180 usines de ce type prévues dans le Lot en l'absence d'autres formes d'énergie solaire, hydraulique ou éolienne, les organisateurs souhaitaient un débat ouvert entre les citoyens, les porteurs de projets, l'administration et les candidats aux élections régionales et départementales. Nous remercions la Mairie de Labathude pour la mise à disposition de la salle communale.

C'est malheureusement la politique de la chaise vide qui a été pratiquée par les porteurs de projets, une position contradictoire avec le « Pacte de bon voisinage et du bien vivre ensemble » signé par les organisations agricoles majoritaires, l'association des Maires du Lot et le Conseil Départemental,qui encourage à « travailler avec les élus locaux et les riverains pour améliorer les relations et encourager le dialogue chaque fois que nécessaire, en faisant connaître ce Pacte ».

Parmi les candidats invités, seules les listes régionale « Occitanie Populaire » et départementale « Le Printemps Lotois » étaient présentes pour exprimer leur position : moratoire sur la méthanisation, installation d'un observatoire scientifique et participatif citoyen financé par les propriétaires de méthaniseur et les porteurs de projet, étude d'impact obligatoire (AIR, EAU, SOL et SOUS-SOL) complète, avant tout projet de nouveau méthaniseur, méthanisation « à la ferme » avec compostage des digestats. Les positions complètes des listes sont disponibles ici.

A la question : existe-t-il une bonne méthanisation ? Pierre Dufour, co-porte-parole de la Confédération Paysanne répondait sur plusieurs points. Au niveau des intrants, la méthanisation doit permettre de valoriser des déchets locaux (agro-industriels etménagers) qui ne sont pas valorisés, sans concurrence avec d'autres usages : restitution au sol pour les fumiers, lisiers et cultures intermédiaires, alimentation humaine ou animale pour les cultures. Au niveau des digestats, la méthanisation entraine une forte minéralisation de l'azote qui se retrouve à 80 % sous forme ammoniacale, toxique pour tous les êtres vivants : plantes, champignons, faune du sol. L'épandage de digestats est donc catastrophique pour la vie du sol et il est nécessaire de séparer et de composter ces digestats pour obtenir un produit qui nourrisse le sol au lieu de le stériliser. C'est ce qui est déjà pratiqué à Evian, ou en Bretagne.

On voit bien que la logique de ces projets est purement financière, avec une implantation dictée par le réseau électrique, sans souci de la proximité de nombreux cours d'eau (Frances, Ouysse, Drauzou, Célé) qui alimente le Lot en eau potable, et à grand renfort d'argent public pour compenser la perte de revenu d'une agriculture industrielle à bout de souffle et la baisse du prix d'achat des matières premières. Au lieu de poser la vraie question de la réduction des consommations d'énergie en agriculture, elle continue, dans une forme de fuite en avant, de permettre au contraire à Total, qui vient de racheter Fonroche, de maintenir ses activités pétrolières en augmentant sa part d'énergies renouvelables.

L'assemblée dénonçait le manque total d'impartialité et de contrôle de l'État qui n'a pas tenu compte de la concertation publique (210 avis contre et 20 avis pour) ni de l'avis de certains maires.

Le collectif continue de demander un moratoire sur la méthanisation agricole-industrielle et l'épandage de digestat brut et exige la mise en place d'urgence de l'Observatoire Scientifique et Participatif. En l'absence de réponse, d'autres actions sont prévues pour relier entre eux l'ensemble des méthaniseurs du Ségala.

Parmi les participants, deux membres du collectif Bien vivre à Villeréal (47), commune impactée par un projet de méthanisation, avait fait le déplacement pour s'informer sur la méthanisation et les moyens d'actions.

La Confédération paysanne a également lancé un appel à dons pour l'achat de matériel pour analyser les gaz émis autours des sites et lors des épandages, auquel vous pouvez contribuer en cliquant ici.

Collectif Citoyen Lotois, Espeyroux environnement, Confédération Paysanne du Lot

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